Travailler dans l’industrie et s’engager pour l’environnement : Annie Saint-Léger nous prouve que ce n’est pas antinomique

Née à Saint-Chély, Annie est une pure barrabande [1]. En 1982, dans le cadre d’un DUT en Mesures physiques qu’elle effectue à Clermont-Ferrand, elle doit réaliser un stage en usine. Naturellement, son choix se porte sur l’usine ArcelorMittal de sa ville de naissance. A l’issue de son stage, elle y sera recrutée en tant que technicienne au laboratoire.
 
A l’époque première femme au sein du laboratoire et unique femme dans l’usine, Annie va se faire une place et rapidement intégrer la cellule Process Chimie de l’antenne R&D, où elle est chargée de mettre au point de nouvelles solutions process chimie.
 
Dans les années 90, Annie s’intéresse de plus en plus aux questions environnementales. Certification ISO 14001 en poche - obtenue en 18 mois -, elle va piloter de nombreux sujets à Saint-Chély : traitement des eaux, opérations de vidange des barrages des deux centrales hydroélectriques qui alimentent le site en électricité, création de jardins filtrants et d’une station biologique… mise en place du tri sélectif, traitement et valorisation des déchets sur l’ensemble du site. Aujourd’hui, 99 % des déchets sont valorisés avec une récupération des calories dont la chaleur permet de chauffer une zone industrielle. Et cela va jusqu’au tri des mégots qui vont permettre de fabriquer du mobilier urbain !
 
L’année 2003 est marquée par une forte sécheresse dans la région. Annie lance et pilote cette année-là un plan d’actions global afin d’optimiser la consommation d’eau du site. Un plan qui va porter ses fruits. En effet, les différentes actions mises en place avec son groupe de travail vont déboucher sur une réduction de 60 % du besoin en eau du site en 15 ans !
 
La santé de ses collègues est aussi une de ses préoccupations. Les taux de solvant dans les vernis sont scrutés, certains solvants utilisés par les équipes de la maintenance sont remplacés. Et des solutions alternatives sont cherchées, si possible biologiques et respectueuses de l’environnement et de la santé des équipes. Des solutions parfois simples, comme l’installation d’une machine à laver les pièces utilisant un produit biologique pour les dégraisser automatiquement, remplaçant ainsi le lavage à la main effectué précédemment avec des produits chimiques.

Nouveau challenge : préserver la biodiversité

A la suite de l’engagement du groupe ArcelorMittal en 2019 dans la démarche Responsible Steel, qui définit des normes pour une production éthique de l’acier, le site de Saint-Chély est certifié en 2022, en même temps que celui de Fos-sur-Mer. Annie lance alors une démarche de fond pour protéger la biodiversité, en associant à cette démarche des lycéens spécialisés dans ce domaine et des associations de la région. Des inventaires sont réalisés chaque année sur les parcelles d’ArcelorMittal, avec l’aide en automne des étudiants en BTS Nature du Lycée d’Enseignement Général, Technologique et Professionnel Agricole (LEGTPA) de Saint-Chély-d’Apcher dans le cadre de leurs travaux pratiques, et au printemps/été des membres de l’association des naturalistes de l’Est du Cantal. Afin de protéger les abeilles et autres insectes, l’usage de produits phytosanitaires sur le site a également été interdit et la fauche tardive mise en place.
Actuellement, la création d’un sentier pédagogique sur une parcelle de forêt primaire est en cours, ainsi que la plantation de plus de 800 arbres et arbustes sur la zone de dépôt de déchets et la station d’épuration.

Annie est pleine de projets et d’énergie, et elle n’hésite pas à mettre également cette énergie au service de sa commune où elle s’implique grandement dans la vie associative : présidente de l’école de musique de Saint-Chély-d’Apcher pendant plusieurs années, actuellement trésorière de l’association la Géode (animations au sein de la maison de retraite), membre de l’association ANEC (Association des Naturalistes de l’Est Cantal), et membre du CVS (conseil de la vie sociale) de l’hôpital pour représenter les personnes sous protection et tutelles.
Et pour la petite anecdote, Annie est née à l’ancien ’hôpital de Saint-Chély-d’Apcher, qui est devenu depuis le Musée de la métallurgie. Pur hasard ou signe du destin ? à vous de voir !

Le site ArcelorMittal de Saint-Chély-d’Apcher (Lozère)

Une usine centenaire (avec un anniversaire célébré en grande pompe en 2017), qui produit près de 100 000 tonnes d’acier par an et emploie environ 200 personnes. Ce site est un des leaders mondiaux des aciers électriques haut de gamme, destinés à la production d’énergie, aux moteurs industriels, à l’automobile, aux biens de consommation : électroménager, outillage…
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