ArcelorMittal fait le point sur ses projets de décarbonation en Europe
Le groupe a annoncé ces derniers temps son intention d’investir dans des installations constituées d’unités de réduction directe (DRI) et de fours électriques (EAF), capables de fonctionner à l’hydrogène, pour remplacer plusieurs de ses hauts-fourneaux en Europe et produire de l’acier avec des émissions de CO2 réduites – une première étape stratégique vers la réduction de ses émissions. Les Etats ont, dans chaque cas, offert un soutien financier à ces projets, avec l’approbation de la Commission européenne.
Ces projets étaient fondés sur une combinaison favorable de réglementation, de technologie et d’évolution du marché, qui devait faciliter ces investissements de décarbonation en contribuant à compenser l’accroissement significatif de nos investissements et de nos coûts opérationnels que cette transition impliquait. Notre capacité à utiliser le gaz naturel jusqu’à ce que l’hydrogène vert devienne compétitif figurait parmi ces facteurs.
Mais la réglementation, l’énergie et l’environnement de marché européens n’ont pas évolué dans une direction favorable. L’hydrogène vert évolue très lentement vers un statut de source d’énergie viable et la production d’acier par un DRI au gaz naturel en Europe n’est pas encore compétitive comme solution de transition. De plus, le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) actuel présente des faiblesses importantes, tandis que les mesures de défense commerciales ont besoin d’être renforcées pour faire face aux importations croissantes qui sont la conséquence des surcapacités chinoises, et que les clients semblent peu disposés à payer un supplément de prix pour de l’acier à faibles émissions de CO2.
Avant de prendre des décisions finales d’investissement, il est indispensable d’avoir une visibilité complète sur l’environnement réglementaire qui garantira qu’une production d’acier plus coûteuse peut être compétitive en Europe en l’absence d’un prix mondial du carbone.
Nous attendons plusieurs développements importants en 2025, notamment la révision prévue du MACF, une révision anticipée des mesures de sauvegarde de l’acier et la publication du Plan d’action pour l’acier et les métaux. Une fois en vigueur, ces initiatives détermineront le cadre de compétitivité pour les investissements de décarbonation en Europe.
Dans l’intervalle, nous poursuivons nos études d’ingénierie et nous analysons également une approche par étapes, en commençant par la construction de fours électriques, qui pourraient aussi être alimentés par de l’acier recyclé, pour réduire significativement les émissions.
ArcelorMittal reste engagé pour sa décarbonation et vise toujours d’atteindre le zéro émission nette d’ici à 2050. Les actions mises en œuvre à ce jour en Europe sont les suivantes :
- En mai, nous avons commencé la construction d’un four électrique de 1,1 million de tonnes dans notre usine de produits longs de Gijón, en Espagne. Cela conduira à terme à une réduction de 1 million de tonnes de CO2e.
- Nos efforts pour augmenter la production à 1,6 million de tonnes d’ici 2026 dans notre usine de produits plats de Sestao, en Espagne, où nous disposons de deux fours électriques, progressent bien. Une fois cette augmentation atteinte, une grande partie de la production sera constituée de notre acier XCarb® de sources recyclées et renouvelables, à faibles émissions de CO2.
- Nous continuons à dominer le marché avec les ventes de notre acier à faibles émissions de CO2 XCarb®, dont l’empreinte carbone n’est que de 300 kg par tonne d’acier produite, et nous sommes en passe de doubler nos ventes pour atteindre environ 400 000 tonnes cette année.
Le délai plus long nécessaire aux décisions finales d’investissement n’aura pas d’incidence sur la capacité de l’entreprise à répondre à la demande des clients en acier à faibles émissions. Le projet de modernisation du site de Sestao augmentera en effet sensiblement notre capacité de production de produits plats à faibles émissions de CO2.
Toute révision des objectifs actuels d’intensité pour 2030 sera exposée dans le prochain Climate Action Report n°3. Du point de vue des émissions absolues, les sites d’ArcelorMittal en Europe ont réduit leurs émissions de 28,2 % depuis 2018, en grande partie en raison de la baisse de la production, elle-même liée à la faiblesse de la demande.
A plus long terme, le groupe reste engagé dans toutes les technologies qui peuvent permettre de produire de l’acier avec des émissions de CO2 proches de zéro. La capture et utilisation ou stockage du CO2 (CCUS) figure parmi ces technologies, même si, comme dans le cas de l’hydrogène vert, elle ne fera sans doute pas de différence significative avant 2030. Une unité industrielle de capture et utilisation de CO2 (CCU) est en fonctionnement sur notre site de Gand en Belgique et deux autres projets sont en cours à Gand.
Aditya Mittal, Directeur général d’ArcelorMittal, a commenté :
ArcelorMittal reste absolument engagé dans la décarbonation. C’est ce que nous devons faire, tant pour l’entreprise que pour la planète. Je reste convaincu que nous pouvons encore atteindre notre objectif de zéro émission nette d’ici 2050, mais la manière dont nous y parviendrons pourrait différer de ce qui a été annoncé précédemment.
Nous sommes très reconnaissants du soutien que les gouvernements nous ont accordé pour contribuer à accélérer ce processus. Toutefois, l’ampleur du défi nécessite de nouvelles initiatives pour débloquer des investissements plus importants. Nous aurions voulu aller plus vite, mais la réalité est que l’environnement réglementaire nécessaire pour soutenir la compétitivité de ces investissements n’est pas encore en place.
J’espère que de nouvelles initiatives vont voir le jour pour soutenir l’accélération de la transition. Le Green Deal Industrial Plan et le Plan d’action pour l’acier et les métaux, et la législation qui découlera de ces plans, seront importants, de même que la réglementation qui stimulera la demande. Certains de nos clients veulent de l’acier à faibles émissions de CO2, mais ceux qui en veulent et qui sont prêts à payer un supplément de prix pour cela sont encore très minoritaires.
Les décisions prises par les pouvoirs publics en 2025 devraient, je l’espère, contribuer à clarifier la manière dont nous pourrons avancer dans la décarbonation de nos sites, en nous appuyant sur notre dimension mondiale unique, notre combinaison unique de technologies et de matières premières, et notre innovation qui est à la pointe de notre industrie.